Une discussion sur le forum de Jamendo que vous trouverez à l’adresse plus bas démarrait par mes désillusions sur le manque de choix, d’alternatives et de compromis possibles sur le modèle économique actuel de la musique. J’ai pris le temps de lire, de répondre, d’écouter des avis, et finalement, j’ai élaboré une petit réponse possible, une idée à mettre en place. Je la jette sur Internet, puisqu’après tout, seul, je ne peux rien faire. Si vous vous reconnaissez et que vous avez envie de vous lancer là-dedans, contactez moi, il faut qu’on discute, si je puis dire 😉
En bref, le lien vers la discussion sur Jamendo, et mon idée que j’espère contructive et dont j’attend des commentaires constructifs, autant que possible. http://www.jamendo.com/fr/forums/disc…
Après avoir pris le temps de lire et digérer les remarques de tout le monde, j’ai eu largement le temps de bien y réfléchir ces derniers jours pour des raisons persos.
A mon sens, donc, il faut désormais réussir à faire ce que Jamendo ne fera jamais : proposer une vraie alternative à la Sacem aux établissements et radios qui passent de la musique : plus de musique Sacem = pas de redevance. Et proposer un accès à un catalogue vérifié, en libre de droit, avec une répartition juste des éventuels revenus, avec les artistes du catalogue. Une sorte de maison de disque / label évolué, en fait, un peu à la Magnatune. Dans ce cas, il y aura à terme nécessairement 20 % des artistes qui feront 80% du temps d’écoute. Et il y aura toujours un coût de gestion pour la structure qui souhaite se lancer là-dedans. Mais avec cette idée, les artistes inscrits auront plus de liberté(s), puisque leur choix de licence pourra être respecté. Et surtout, on ouvre aux artistes un réseau de diffusion qu’ils ne peuvent avoir seuls.
C’est je pense des choses que devraient proposer à terme des projets comme Dogmazik. Et pour ma part, si quelqu’un veut monter un projet dans ce genre, je suis le premier à postuler comme « commercial » afin d’aller chercher des diffuseurs de musique, et à leur expliquer l’intérêt:
- Bars, etc…
- On peut aussi faire de la prescription auprès des DJ, qui pourraient du coup proposer des soirées « Musique Libre », où ils feraient faire des économies à la salle/boite/bar et éventuellement, pourraient être mieux payés.
- Ça veut dire aussi organiser des concerts et des festivals 100% libre avec la présence des juristes de CC France pour accueillir nos amis de la Sacem quand ils viendront réclamer leur non dû, etc… Mais y a-t-il vraiment assez de public pour que ça vaille le coup aujourd’hui ? Quand je regarde le nombre d’écoute et de téléchargements sur les divers sites web de musique libre, j’en doute pas mal car le public semble bien éclaté et pas si nombreux que ça. Je rappelle d’ailleurs que Jamendo avait organisé un concert de ce type à Paris (j’étais présent, ainsi que certains des plus anciens jamendoistes qui se reconnaitront). Mais il avait été démontré ce jour là que remplir une salle de 300 personnes à Paris pour 3 artistes de musique libre n’était pas économiquement rentable. Alors faire mieux dans une ville de province…
- Restent les entreprises qui font les systèmes d’attente téléphonique, pour les ascenseurs et les aéroports, etc… sont aussi une cible importantes à considérer, leurs actionnaires étant près de leur sous, et certains artistes comme Brian Eno y ont déjà pensé il y a longtemps.
Toujours dans l’optique de faire éviter la redevance Sacem, comme argument commercial, en proposant une solution économique à étudier. Sachant qu’il faut mâcher le travail administratif à tous ces gens là pour qu’ils n’aient pas de souci avec la Sacem, toujours la même. Et qu’il aura aussi le problème des licences non-commerciales qui vont encore restreindre le catalogue à proposer pour des projets de ce type.
D’une certaine façon, certains d’entre vous peuvent voir ce qu’ils viennent de lire comme un business-plan ou une étude marketing, et ils ont raison, en tout cas d’une certaine façon. Peut-être même certains en profiteront pour approcher ces idées que je propose et auxquelles ils n’avaient pas pensé.
Cependant, pour que ça fonctionne éventuellement un jour, il y a un aspect des plus importants : il faut aussi que le public accroche aux artistes proposés, voire, arriver à ce que des artistes « connus » souhaitent utiliser ce système. C’est peut être là qu’est le plus gros challenge : arriver à garder dans un tel réseau alternatif des artistes de qualité, potentiellement signables et distribuables via le système Sacem / maisons de disque actuel. Parce que sur le papier, le business « traditionnel » de la musique est toujours très lucratif : même avec 10 000 € de studio, si on presse 1200 cd et qu’on les vend 10 € pièce, on est rentré dans ses frais. Et tous les albums suivant vendus, c’est que du bénéfice (hors coût de pressage, évidemment). Il va donc être difficile de proposer une réelle alternative aux professionnels, qui ont une part très importante dans les possibilités de changement. Même une éventuelle libéralisation du marché de la gestion de droit ne vas pas rapidement rendre les choses plus faciles, discutez-en quelques minutes avec une programmateur de radio…
La conclusion pour moi, c’est que les artistes seuls ne peuvent pas faire changer le système actuel. Et de la même manière, les professionnels seuls non plus ne peuvent pas y arriver. Il faut que ces deux catégories, dont au moins une vit grâce à l’industrie de la musique, puissent considérer qu’un autre modèle économique est possible. Et ça, il va falloir du temps pour le créer et le faire accepter aux professionnels.
Qu’est ce que vous en pensez ?
Toine